Je restai longtemps le nez contre la vitre avant de rejoindre sa table. On trinqua. J’étais heureux de voir ce vieux projet prendre forme ; lui, d’être rejoint. Il avait eu du mal à s’arracher. Il avait fait sans entraînement des marches trop longues et la fatigue l’assombrissait. En traversant, les pieds blessés et la sueur au front, ces campagnes peuplées de paysans incompréhensibles, il remettait tout en question. Cette entreprise lui paraissait absurde. D’un romantisme idiot. En Slovénie, un aubergiste remarquant sa mine défaite et son sac trop lourd n’avait rien arrangé en disant gentiment : Ich bin nicht verrückt, Meister, ICH bleibe zu Hause.
Le mois passé ensuite à dessiner en Bosnie l’avait remis d’aplomb.